Le « sport-business » : des jeux du cirque romains au football contemporain

Par Jean-Paul Thuillier - Latiniste, étruscologue, professeur émérite à l’ENS-PSL

Créé le
29 avril 2024
DOSSIER - LES HUMANITÉS À L'ENS-PSL
À l'heure où la flamme olympique poursuit son périple de la Grèce vers Paris, portée par 11 000 athlètes, afin de célébrer l’arrivée des Jeux Olympiques  le 26 juillet prochain, Jean-Paul Thuillier, historien et spécialiste du sport antique, nous invite à redécouvrir les origines du « sport-business » : des jeux du cirque au football contemporain.
Fig. 2.  Détail de la mosaïque du cirque de Lyon: l’euripe avec les dispositifs compte-tours (oeufs et dauphins); au-dessus, chars des factions avec un cavalier des Verts (hortator).
Figure 2 : Détail de la mosaïque du cirque de Lyon : l’euripe avec les dispositifs compte-tours (oeufs et dauphins); au-dessus, chars des factions avec un cavalier des Verts (hortator).

Les jeux du cirque romains, premier sport-business, et les critiques d’un intellectuel : Pline le Jeune, Lettres, IX, 6

Par Jean-Paul Thuillier (Latiniste, étruscologue, professeur émérite à l’ENS-PSL et ancien directeur du Département des Sciences de l’Antiquité)

L’importance du sport comme phénomène social ne date pas d’aujourd’hui

Le sport, véritable « soft power », occupe aujourd’hui une place de premier plan dans la vie politique, économique, sociale de l’immense majorité des pays, ainsi que dans les relations internationales, parfois réchauffées par la « diplomatie du tennis du table » ou de telle autre compétition. Tout journal, toute radio, toute chaîne télévisée d’information continue ne manque pas de lui consacrer régulièrement reportages et articles, et il existe aussi une multitude d’organes d’information qui sont dédiés non seulement au sport en général mais aussi pour certains d’entre eux à un sport particulier, golf, équitation et bien d’autres ; les images, le vocabulaire empruntés au monde du sport ont envahi tous les autres domaines, en particulier le discours politique, et du point de vue financier le sport est une activité qui n’a plus rien à envier à d’autres activités plus traditionnelles, qu’il s’agisse d’industrie ou de services. C’est une véritable compétition qui existe désormais entre les pays pour arracher l’organisation des plus grandes réunions sportives mondiales, comme les jeux Olympiques ou la Coupe du monde de football.

En citant ici les jeux olympiques, on pourrait croire que le sport contemporain se place dans la droite ligne de la Grèce antique : mais à part les noms eux-mêmes et quelques épreuves d’athlétisme ou quelques sports de combat, les JO du XXIe siècle n’ont plus grand-chose à voir avec les concours d’Olympie. En revanche, les jeux du cirque romains et en particulier les courses de chars présentent beaucoup de traits qui se retrouvent aujourd’hui dans le sport contemporain le plus répandu et le plus populaire, à savoir le football : les Romains avaient déjà inventé le sport-business.

Sport-business : des jeux du cirque au football contemporain

Ne serait-ce qu’en raison de l’expression elle-même, on pense d’ordinaire que le sport-business, dont le football est l’image par excellence, est un pur (si l’on ose dire) produit de notre époque. Ce sont d’incroyables foules qui suivent les grands matches de football, soit au stade lui-même, soit devant leur poste de télévision – et les enquêtes montrent bien que les chaînes retransmettant les matches en question captent toujours et de loin les meilleures audiences. Cela engendre des recettes considérables, qui profitent en particulier à de grands clubs au budget astronomique : pensons aux clubs espagnols comme le Real Madrid ou le Football Club de Barcelone, italiens comme la Juventus de Turin, ou désormais français comme le Paris Saint-Germain (PSG). De tels clubs n’ont plus rien à envier à de grandes entreprises industrielles : ils emploient un personnel nombreux et très diversifié, ont leurs produits dérivés qu’ils vendent dans leurs propres boutiques, rachètent et absorbent parfois des clubs mineurs… Des groupes de tifosi déchaînés pour certains contribuent en partie à l’équilibre économique des clubs par leurs abonnements annuels et leur achat de ces produits dérivés. Enfin et surtout, pour se limiter à ce dernier trait, les vedettes sportives de ces clubs, qui sont essentielles pour attirer et fidéliser les supporters, gagnent, tels Messi, Ronaldo ou Neymar, des sommes d’argent qui laissent pantois le commun des mortels, par divers moyens, salaires, primes de match, publicité… Leur transfert d’un club à l’autre bat chaque année de nouveaux records, et repose sur des combinaisons financières qui confinent en certains cas à la corruption et à la fraude fiscale.

Certains ne manquent pas de comparer toutes ces dérives à la pureté du sport antique, et l’on évoque avec nostalgie l’amateurisme de l’éphèbe grec courant sur la piste du stade d’Olympie : une vision d’ailleurs assez erronée des concours antiques, comme on le verra, mais il est vrai que l’argent, certes bien présent, n’atteignait pas dans le sport grec les mêmes sommets. En revanche, si nous regardons du côté de la Rome antique et des courses de chars, la compétition la plus populaire de l’Vrbs, force est de constater que tous les ingrédients de notre sport-business y sont déjà visibles. Il faut ici faire le rapprochement avec le football contemporain qui a été considéré comme étant peut-être la seule passion planétaire de notre temps : or, les jeux du cirque auraient bien mérité la même appellation puisque les courses de chars suscitaient les mêmes réactions déchaînées des spectateurs dans tout l’Empire romain, depuis la péninsule ibérique jusqu’à Antioche et Constantinople, depuis Lyon et Rome jusqu’à Carthage.

Quant aux édifices de spectacle sportif, la comparaison est aussi édifiante : le Stade de France a une capacité de 80000 spectateurs, alors que le Circus Maximus de Rome, le Très Grand Cirque donc, pouvait en accueillir au moins 150000. Il aura fallu attendre le XXe siècle pour que cette capacité soit dépassée au Brésil, et encore a-t-on abandonné récemment ce gigantisme pour des raisons de sécurité. Et les gradins étaient pleins dans la Rome antique : comme Juvénal pouvait l’écrire à la fin du Ier siècle de notre ère, « Rome est tout entière au cirque » (totam hodie Romam circus capit, XI, 197). La Ville éternelle avait déjà près d’un million d’habitants… Lors de cette « journée particulière » que constituait un jour de courses, les voleurs pouvaient s’en donner à cœur joie dans une ville déserte !

Avec l’organisation romaine des jeux du cirque, on est vraiment au cœur de ce sujet. Tout repose en effet sur l’existence de quatre « factions », qui se distinguent par leur couleur – il y a les Rouges, les Blancs, les Bleus et les Verts – et qui sont en tous points semblables à nos clubs : budget considérable, locaux parfois somptueux que fréquentent certains empereurs comme Caligula, personnel très nombreux qui va du concierge au cocher superstar, groupes de supporters fanatiques d’une couleur, et même pressions exercées sur les magistrats avec menaces de grève. Le statut des vedettes est enfin révélateur : le cocher célèbre est celui qui obtient le droit de conduire des quadriges – et de porter le nom d’agitator – après avoir débuté sur des biges, une carrière qui évoque celle de nos jeunes footballeurs ou celle des pilotes de Formule 1 (Fig. 1, 2, 3). Ils peuvent alors gagner des sommes exorbitantes et choquantes aux yeux de beaucoup, se pavanent dans la Ville en dépit de leur origine souvent servile, ont des statues de marbre aux carrefours, et font l’objet de transferts d’une faction à une autre. Des inscriptions sur pierre détaillent parfois leur carrière, comme le ferait aujourd’hui un magazine sportif !

Figure 1 : Mosaïque du cirque de Lyon, 200 ap. J.-C. environ. À gauche, les stalles de départ (carceres); au centre le mur-barrière axial (euripus) avec ses bassins et ses dispositifs compte-tours.

 

 

Pline le Jeune (61-114), un écrivain qui ne comprend rien aux sports

Pline le Jeune, né à Côme en Cisalpine, est surtout connu par ses dix livres de Lettres et son Panégyrique de Trajan. Si on s’est beaucoup interrogé sur la question de savoir si ces lettres étaient de véritables lettres envoyées à de vrais correspondants ou plutôt des exercices proprement littéraires, il est clair que certaines, comme cette lettre IX, 6, adressée à C. Calvisius Rufus, décurion de Côme, nous apprennent beaucoup sur la vie quotidienne des Romains et sur les opinions de leur auteur (1) .

Si la très grande majorité du peuple romain suit avec délice les courses de chars, certains, qu’on pourrait facilement qualifier d’intellectuels, critiquent (comme d’autres le font aujourd’hui) cette passion folle et stupide. Pline le Jeune, dans la lettre IX, 6, montre qu’il est typiquement un intellectuel incapable de comprendre la passion d’un tifoso qui ne se lasse jamais de voir les matches de son équipe favorite : et comment imaginer qu’un supporter des Rouges devienne supporter des Bleus parce qu’un cocher vedette des Rouges aurait été transféré chez les Bleus ? Le transfert d’A. Lacazette de l’Olympique lyonnais au club d’Arsenal n’a pas transformé les supporters du club lyonnais en tifosi britanniques. Et si M’Bappé quitte le PSG pour l’Espagne, les supporters parisiens ne vont pas devenir pour autant ceux du Real Madrid…
Dans cette lettre, à laquelle on pourrait donner comme titre « Une journée particulière », en reprenant le celui du film d’Ettore Scola (1977), puisque tous les Romains sont partis au Circus Maximus, on trouve bien des critiques que ne désavouerait pas un contemporain contempteur des sports : le caractère répétitif et ennuyeux des compétitions – mais, comme le dit P. Veyne (2), le public aime ce qu’il voit souvent ! –  et le fait, incroyable pour beaucoup, que même des esprits cultivés et distingués puissent aussi s’exalter pour un divertissement si populaire.

Pline le Jeune, Lettres, IX, 6, 1

Omne hoc tempus inter pugillares ac libellos iucundissima quiete transmisi. 'Quemadmodum' inquis 'in urbe potuisti?' Circenses erant, quo genere spectaculi ne leuissime quidem teneor. Nihil nouum nihil uarium, nihil quod non semel spectasse sufficiat. Quo magis miror tot milia uirorum tam pueriliter identidem cupere currentes equos, insistentes curribus homines uidere. Si tamen aut uelocitate equorum aut hominum arte traherentur, esset ratio non nulla; nunc fauent panno pannum amant, et si in ipso cursu medioque certamine hic color illuc ille huc transferatur, studium fauorque transibit, et repente agitatores illos equos illos, quos procul noscitant, quorum clamitant nomina relinquent. Tanta gratia tanta auctoritas in una uilissima tunica, mitto apud uulgus, quod uilius tunica, sed apud quosdam graues homines; quos ego cum recordor, in re inani frigida adsidua, tam insatiabiliter desidere, capio aliquam uoluptatem, quod hac uoluptate non capior.

« Tout le temps qui vient de s’écouler, je l’ai passé entre mes tablettes et mes petits livres dans le plus délicieux repos. Comment, dites-vous, serait-ce possible à la ville ? C’étaient les jeux du cirque, genre de spectacle qui ne me séduit à aucun degré. Là-dedans, rien de nouveau, rien de varié, rien qu’il ne soit assez d’avoir vu une seule fois. Aussi suis-je étonné que tant de milliers d’hommes soient sans cesse repris, comme de grands enfants, du désir de voir des chevaux lancés à la course, des concurrents debout sur leurs chars. Si encore ils s’intéressaient soit à la rapidité des chevaux, soit à la technique des concurrents, ce goût pourrait s’expliquer ; mais c’est la casaque dont ils sont les supporters, c’est la casaque qu’ils aiment et si, en pleine course et au beau milieu de la compétition, la première couleur passait au second cocher et la seconde au premier, leur passion de supporter sera aussi transférée, et tout à coup les fameux cochers de quadriges, les fameux chevaux qu’ils ont l’habitude de reconnaître de loin, dont ils ne cessent d’acclamer les noms, seraient plantés là. Une telle faveur, une telle valeur accordée à une misérable tunique, on les trouve non seulement dans la foule plus misérable encore que la tunique, mais même chez certains hommes sérieux. Quand je pense que c’est ce spectacle futile, fade, monotone, qui les cloue à leur place, jamais rassasiés, je prends quelque plaisir à ne pas être pris par ce plaisir… » (traduction de A.-M. Guillemin, CUF, revue par J.-P. Thuillier).

On peut se demander si l’allusion que fait ici Pline à une permutation des cochers et des chars n’explique pas une curieuse indication qui figure dans le palmarès du plus célèbre des cochers romains, C. Appuleius Dioclès, omnium agitatorum eminentissimus, dont la carrière se situe surtout pendant le règne d’Hadrien. On trouve dans cette inscription (3)  le nombre de ses courses, de ses victoires (1462), la tactique employée, des comparaisons flatteuses pour lui avec d’autres cochers et bien d’autres détails encore.
Mais on y trouve aussi une précision qui a plongé tous les commentateurs dans l’embarras : Dioclès aurait remporté 10 courses ad venetum et 91 ad albatum. Aucune explication de ce ad n’a été jugée convaincante, et il est possible que ce petit nombre de victoires corresponde à la pratique du diversium qu’on connaît surtout à Constantinople, et qui aurait existé de façon exceptionnelle dès le Haut-Empire à Rome : seules les stars comme Dioclès auraient été concernées par cette pratique rare de l’interversion des couleurs et des chars, qui permettait d’apprécier encore plus leur technique. Dioclès, par exemple, est passé par les factions blanche, verte et rouge mais il n’a jamais été cocher des Bleus : il n’aurait donc pu gagner pour les Bleus (ad venetum) que dans une telle circonstance.

Cirques et jeux du cirque

Les scènes hippiques que décrit Pline le Jeune se passent bien sûr au Grand Cirque, dans ce Circus Maximus situé entre les collines du Palatin et de l’Aventin. C’est le plus ancien des édifices de spectacle romains puisqu’il est utilisé dès le VIIe siècle avant notre ère, sous le règne des Tarquins : les influences étrusques sur les courses de chars de Rome ont d’ailleurs été essentielles. Avec ses presque 600m de long, et ses 150m de large, c’est aussi et de loin le plus vaste, et le Colisée qui nous impressionne tellement – parce qu’il est bien mieux conservé – est en réalité beaucoup plus petit. À l’époque de César et d’Auguste, quand il atteint sa forme canonique, le Grand Cirque a désormais une capacité de 150000 spectateurs, et ces dimensions exceptionnelles expliquent qu’on ait construit peu de cirques dans le monde romain : en Gaule, on peut surtout citer ceux d’Arles, de Vienne et de Lyon (4) .

Les cirques accueillent les jeux du cirque (ludi circenses), qui n’ont rien à voir avec les combats de gladiateurs contrairement à une opinion largement répandue. Ces circenses (cf. la lettre de Pline le Jeune) sont la partie sportive de grandes cérémonies religieuses, avec procession et sacrifices, consacrées à un dieu : ainsi, le plus important de ces rituels d’État, les Ludi Magni de septembre étaient-ils offerts à Zeus Capitolin. Les courses de chars, et surtout de quadriges, de biges mais aussi de triges, étaient les moments les plus attendus de la foule. Mais le public pouvait également admirer les épreuves de cavaliers-voltigeurs (desultores) qui voyaient les jockeys mener deux chevaux et sauter d’une monture sur l’autre. Curieusement, comme les Étrusques, les Romains n’ont pas connu les courses montées les plus simples que nous voyons encore sur nos hippodromes. Le programme du cirque comprenait encore depuis les origines une triade d’épreuves « athlétiques » : boxe, le sport qui restera toujours le plus populaire à Rome et, en Étrurie, lutte et course à pied. Les chasses (venationes) ont enfin été organisées sous la République dans le cirque, mais sont ensuite passées à l’amphithéâtre, quand ce nouvel édifice a été bâti à Rome sous le règne d’Auguste. En revanche, le cirque n’accueillera pratiquement jamais de gladiateurs (5).

Figure 3 : Détail de la mosaïque du cirque de Lyon: un char des Blancs passe la ligne d’arrivée devant un char des Rouges.

 

 

 Supporters un jour, supporters toujours

Au IVe siècle de notre ère, les passions sportives et partisanes des Romains sont restées les mêmes et Pline le Jeune aurait pu constater avec consternation que toutes les classes sont toujours touchées par ce fléau, y compris les notables plus sérieux.

Ammien Marcellin, Histoires, XXVIII, 4, 28-31

28. Nunc ad otiosam plebem veniamus et desidem. in qua nitent ut nominibus cultis et quidam calceorum expertes, Cimessores Statarii Semicupae et Serapini et Cicimbricus cum Gluturino et Trulla, et Lucanicus cum Pordaca et Salsula similesque innumeri.
29. hi omne, quod vivunt, vino et tesseris inpendunt et lustris et voluptatibus et spectaculis: eisque templum et habitaculum et contio et cupitorum spes omnis Circus est maximus: et videre licet per fora et compita et plateas et conventicula circulos multos collectos in se controversis iurgiis ferri, aliis aliud, ut fit, defendentibus.
30. inter quos hi qui ad satietatem vixerunt, potiores auctoritate longaeva, per canos et rugas clamitant saepe, rem publicam stare non posse, si futura concertatione, quem quisque vindicat, carceribus non exiluerit princeps, et funalibus equis parum cohaerenter circumflexerit metam.
31. et ubi neglegentiae tanta est caries, exoptato die equestrium ludorum inlucescente, nondum solis puro iubare, effusius omnes festinant praecipites ut velocitate currus ipsos anteeant certaturos: super quorum eventu discissi votorum studiis anxii plurimi agunt pervigiles noctes
.

« Venons-en maintenant à la plèbe oisive et désœuvrée… Tout le temps qu’ils ont à vivre, ils le consacrent à boire et à jouer aux dés, en débauches, en plaisirs, en spectacles : leur temple, leur séjour, leur assemblée, le dernier terme de leurs désirs, c’est le Grand Cirque ; et l’on peut voir par les places, les carrefours, les avenues, les lieux de rencontre, plus d’un groupe rassemblé dont les membres s’emportent entre eux en discussions orageuses, chacun soutenant un point de vue différent, comme il arrive d’ordinaire. Dans le nombre, ceux auxquels la vie n’a plus rien à offrir, auxquels l’autorité de l’âge donne le premier rang, s’exclament souvent, invoquant leurs cheveux blancs et leurs rides, que l’État ne peut subsister, si dans la prochaine course le cocher à qui vont les préférences de chacun ne s’élance pas le premier hors des remises, et si avec ses chevaux de funeste augure il ne contourne pas la borne d’assez près. Et puisque le chancre de l’insouciance est si profondément enraciné, quand le jour tant souhaité des jeux équestres commence à blanchir, tous en grand désordre se précipitent, avant que la lumière solaire ait pris tout son éclat, au point de surpasser en rapidité les chars mêmes qui doivent disputer la course : sur l’issue de celle-ci, leurs vœux passionnés divergent et ils sont très nombreux à passer dans l’angoisse des nuits sans sommeil. » (trad. M.-A. Marié, CUF(6)).

 

Notes

(1) Étienne Wolff, Pline le Jeune ou le refus du pessimisme. Essai sur sa correspondance, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2003.))
(2) Paul Veyne, Le Pain et le Cirque : Sociologie historique d'un pluralisme politique, Paris, Le Seuil, 1976.
(3) CIL VI 10048 = ILS, 5287 = AE, 2008, 176 = EDR102150 = AE, 2006, 1866; cf. J.-P. Thuillier, « Circensia 2. De toutes les couleurs », REA, 117, 2015, p. 109-114, sur http://www.epigraphica-romana.fr/notice/detail?notice=2006.
(4) J.H. Humphrey, Roman Circuses. Arenas for Chariot-Racing, Berkeley, Los Angeles, University of California Press, 1986 ; J. Nelis-Clément et J.-M. Roddaz (éd.), Le cirque romain et son image, Bordeaux, Ausonius, 2008.
(5) J.-P. Thuillier, Le sport dans la Rome antique, Paris, Errance, 1996.  
(6) Cf. S. Forichon, Les spectateurs des jeux du cirque à Rome (Ier siècle a.C. au VIe siècle p.C.). Passion, émotions et manifestations, Bordeaux, Ausonius, 2020.